En Côte d’Ivoire, les sociétés privées connaissent un essor important depuis l’attaque de Grand Bassam en 2016. A la menace terroriste s’ajoute la hausse de la délinquance. Les affaires fleurissent.
Selon la direction de surveillance du territoire (DST) qui attribue les licences, il existe plus de 600 sociétés de sécurité privée en Côte d’Ivoire. Mais seulement 14% sont agréées. Autrement dit, seules 86 entreprises sont dignes de confiance. Mais les pouvoirs publics ferment les yeux sur ces lacunes parce que ces entreprises, légales ou fictives, ont permis de réinsérer plusieurs centaines d’ex-combattants de la rébellion de 2002 et de la crise post-électorale de 2011.
C’est le cas de Jean-Jacques, un ex-milicien. Celui-ci travaille depuis bientôt huit ans pour le leader de la sécurité privée en Côte d’Ivoire. Face aux menaces actuelles, il participe régulièrement à des formations :
« J’ai eu droit à une formation de deux mois », raconte-t-il. « Une formation théorique et une formation pratique. (…) Les formateurs, le plus souvent sont des anciens corps habillés, des gendarmes, des gens qui sont aguerris au maniement des armes et à la pratique des arts martiaux. Pour ma part, j’ai été formé à la fouille et à des astuces pour pouvoir alerter de façon discrète. »
Les installations touristiques, premières clientes
La demande de personnels formés ne cesse d’augmenter dans les hôtels notamment. Les attentats de Grand Bassam, le 13 mars 2016, qui ont coûté la vie à 16 personnes avaient été facilités par des défaillances sécuritaires.
Jacques Ablé est responsable du complexe l’Etoile du Sud de Grand Bassam. Son établissement a payé un lourd tribut lors de cette attaque terroriste. Pour lui, la survie de son hôtel situé en bordure de mer, dépend désormais en partie de la sécurité.
A Grand Bassam, les hôtels ont mis du temps à regagner la confiance des touristes
« Vous voyez maintenant, quand vous arrivez, vous avez des agents pour filtrer les entrées. On a, au niveau mer, une sécurité qui est vraiment renforcée. Les gens sont en tenues et en civil. Avant ça n’existait même pas. Avec la complicité des autorités, on a mis en place une police qui passe en permanence dans les différents établissements pour essayer de voir comment les choses évoluent. Aujourd’hui, nous avons la police montée qui est là, qui elle aussi assure la sécurité sur la place. En plus de ce qui est déjà fait par la police maritime. On a été surpris la première fois mais ça m’étonnerait qu’on soit surpris une deuxième fois. Donc aujourd’hui on a pris une société de sécurité sérieuse. Aujourd’hui on a moins de crainte que la première fois où on a eu cette attaque. »
Une profession difficile
La demande croissante a des conséquences pour les employées de ces sociétés. Dérives et coups bas sont quotidiens et la reconnaissance pas toujours au rendez-vous, raconte Jean Jacques : « le salaire est très minime par rapport au travail qu’on doit accomplir sur le terrain. »
Le secteur emploie aujourd’hui plus de 60.000 agents, qu’on retrouve généralement à l’entrée des supermarchés, devant les ambassades, aux alentours des banques, au rez-de-chaussée des immeubles et des enseignes.
Arborant leurs tenues jaune et gris, les agents de sécurité privée ou vigiles sont très visibles et font désormais partie du quotidien des Ivoiriens.